dimanche 18 août 2013

Premier Trek à Taïwan

J’attaque ce second article comme le premier par une petite réflexion sur les sujets qui m’ont marqué.Tout d’abord chose complètement improbable en France, on peut partir avec des groupes de plus de 20 personnes. Pour mon trek à JiaMing Lake nous étions un peu plus de soixante ! Ici et contrairement à notre visions européenne de la société, le groupe passe bien avant l’individu. Chaque personne porte du matériel même s’il n’en aura pas besoin. Cette vison complétement différente m’a quelque peu déstabilisé car tout le monde se mêle de ce qui ne le regarde pas forcément. Je suis en train de fumer une cigarette et quelqu’un observe un mégot au sol, et dans les heures qui suivent, « l’étranger » jette ces cigarettes par terre alors que depuis le début je ramasse des déchets sur le bord du chemin… Bon passons ce n’est pas très important mais cela nous amène à mon deuxième point. La politique locale en matière de protection de la nature est intitulé comme ceci « Leave No Trace » : ne pas laisser de trace. On m’explique rapidement que tout ce que l’on monte on le redescend. Cela passe par le papier toilette que l’on ne cache pas sous une pierre mais aussi par les déchets biodégradables tels que les épluchures de légume. Je trouve la démarche compréhensible mais là où cela devient vraiment extrémiste c’est quand au moment de quitter notre dernier refuge je demande si l’on ne laisse pas le riz qu’il reste pour des suivants en cas de tempête comme cela arrive souvent ici. L’organisatrice de ce trek me répond que non car on ne doit rien laisser derrière nous. C’est ici que nous engageons un débat entre cette femme, un guide et moi. Avec le guide nous essayons d’expliquer que laisser du riz dans une cuisine est tout à fait normal et ne vient pas à l’encontre de la politique de sauvegarde de l’environnement qui est appliquée à Taïwan. Nous redescendrons le riz mais je me demande si des restrictions aussi draconiennes ne viennent pas casser l’enthousiasme de certains à aller en montagne. Ils m’ont tellement retourné le cerveau que j’avais du mal à pisser en pleine nature ! Car ne pensez pas faire comme en France et faire vos besoins liquides autour du refuge. S’il ne faut pas laisser de trace de son passage les refuges sont une complète hérésie. Pouvant accueillir presque 200 personnes, ils sont équipés de plus de six WC. Ce qui fait des bâtiments énormes qui ne passent pas vraiment inaperçus… Je pense que ces conflits viennent de la jeunesse de cette activité sur l’île. Ils sont encore en train de définir les règles d’une activité dont la plupart des pratiquants ne font que suivre un guide et n’ont aucune connaissance réelle d’un milieu qui les effraye. Une réflexion que je développerai plus longuement dans mon prochain billet.

Samedi 10 Août :

Rien de bien exceptionnel, j’ai passé une bonne partie de la journée à trier des photos et à rédiger le dernier article. Cette rédaction m’a permis de recentrer le but de mon voyage et de faire un point sur ma première semaine de vacances. 

Dimanche 11 Août :


Ce n’est pas vraiment la meilleure idée que j’ai eu depuis mon départ de France. Mon guide (Michelin) conseille vivement de découvrir la ville de DanShui (淡水), mais je ne suis pas le seule à décider de me balader ici un dimanche. J’ai l’impression que c’est le lieu de rendez-vous de la moitié de la population de Taipei, soit un peu plus d’un million de personne sans compter les touristes comme moi !!! Il fait toujours une chaleur horrible et je me déplace de lieux ombragés en lieux climatisés. J’essaye de me détourner des foules pour trouver de petites rues aux charmes proches de la cuisine d’un restaurant se trouvant dans un atelier de mécanique automobile. Bref ce n’est pas la joie !  Je continue mon périple dans les petites rues et là je tombe amuser devant quelque chose de plutôt intéressant. Un lieu que la France a perdu il y a déjà quelques années mais qui pour une journée comme celle-ci peut vous occuper l’esprit pendant au moins une heure : le cabinet de curiosités ! Entre la tortue siamoise à deux têtes et la ceinture de chasteté pour homme, je passe peut-être une heure complétement absorbé par le nombre de singularité qu’une femme d’approximativement 70 ans a pu accumuler au long de sa vie. Je rentre à l’hôtel et prépare mes affaires mon départ du lendemain.
J'aime bien notre époque

Le coq transgénique, que du bonheur, quatre cuisse à manger!

Lundi 12 Août :

Je pars en direction de TaiTung (台東), dans le but de rejoindre une équipe de trekkeur pour la semaine. Je prends le train avec ChuHán (la fille rencontrée dans le magasin de montagne). Nous passons par la côte Est. Il faut savoir que ce côté de Taïwan accuse un retard de développement assez conséquent par rapport à l’ouest. En regardant par la fenêtre du train, des camions nous doublent. J’ai l’impression que nous n’avançons pas. Je calcul rapidement : 6 heures de train pour parcourir 340 km, oui c’est bien cela nous avançons à un peu plus de 50 km/h… 
On remarque aisément un manque cruel d’infrastructure à l'Est...

Nous arrivons finalement à l’hôtel et refaisons les sacs pour y intégrer le matériel pour le groupe. C’est à cet instant très précis que je découvre l’ampleur de ce groupe. Nous sommes un peu plus de soixante à partir. Le but de ce trek étant de rassembler des profs de primaire et de collège dans le cadre d’une sensibilisation à l’environnement et à la randonnée en montagne. L’île de Taïwan possède quelques 200 sommets culminant à plus de 3000 m mais peu de personne profite de ce patrimoine considérable. Je finis les derniers préparatifs avec KuoWei (le même qui m’a emmené grimper la semaine dernière). J’apprends aussi que je suis intégré au dispositif d’encadrement car mes connaissances sur le milieu de la montagne sont équivalentes à celles du guide. 

Mardi 13 Août :

Nous entamons notre périple vers Jiaming Lake (嘉明湖) par trois heures de route. Nous sommes dans des minibus à boîte de vitesse manuelle et les chauffeurs ne semblent pas bien habitués à ce genre de mécanique pourtant courante en Europe. La route a subi de nombreux dégâts lors du dernier typhon (cyclone en Asie). Ça passe mais même en étant habitué à rouler en montagne je suis quelques fois tenté de fermer les yeux ! Nous arrivons sains et saufs à l’entrée du YuShan National Park (玉山國家公園). Un repas vite avalé et nous commençons enfin à marcher. 
Il faut ce qu'il faut pour se protéger de la pluie!
Il fait beaucoup moins chaud que dans la plaine et c’est très agréable d’arrêter de transpirer à chaque pas. Mais malheureusement un typhon passe entre les Philippines et Taïwan et nous récoltons les restes de la perturbation. Nous marchons environs 3 heures pour arriver à notre premier refuge. Ici les refuges sont non-gardés, il faut donc transporter toute la nourriture et ce n’est pas une mince affaire car les taïwanais, lorsqu’ils partent en montagne, mangent comme à la maison. Après un repas exceptionnel je pars me coucher, il ne fait pas très froids, 14° c mais l’humidité est proche de 90%, la nuit dans un duvet – 10° c confort ne sera pas du luxe.
KuoWei, guide, porteur et cuisinier dans la tenue des guides locaux. Ici les bottes sont de rigueur

Mercredi 14 Août :

Il a plu toute la nuit et ça continue. Je n’ai pas forcément le bon équipement pour ce genre de climat et je décide donc de lâcher le groupe pour passer le moins de temps possible sous cette pluie battante. 
Je laisse une petite trace de mon passage, on peut lire 法国, FaGuo,France!
Je m’assois dans le refuge suivant aux alentours de 11 heure du matin, la journée va être longue… Lecture, un peu de poker grâce à un jeu de carte découvert sous un lit et le bal de la cuisine reprend vers 18h car il fait nuit beaucoup plus tôt que chez nous (environ 18h30). C’est impressionnant de voir les plats que KuoWei arrive à préparer alors que nous nous trouvons en refuge sans cuisine. Chaque plat est délicieux, je vais avoir du mal à revenir en France et à manger des pâtes toutes simples…

Jeudi 15 Août : 

C’est le jour du sommet, enfin plutôt du lac ! La météo semble beaucoup plus clémente mais ça ne dure guère. Très rapidement le vent se lève et ramène les nuages de la vallée. Une fine bruine vient juste gâcher des paysages qui pourraient être tout simplement exceptionnels. En trois heures et en compagnie d’Edgar Chang (un guide taïwanais ayant passé son diplôme au Canada) et de Rae Lan (une prof d’anglais de l’université Shi Da) j’effectue l’ascension de mon premier sommet taïwanais, 3496 mètres.
Mon premier sommet taïwanais, ici sur chaque montagne une pierre pourtant le nom ainsi que l'altitude permet de faire une photo souvenir.
A cette altitude, et sans soleil il fait toujours plus de 10° c ! Nous mangeons un peu de viande de porc séchée et nous redescendons vers notre principal objectif : le JiaMing Lake. Cette étendue d’eau perchée à 3310 m mesure environ 120 m par 70 m. 
JiaMing Lake ou le lac du soleil et de la lune se serait selon la légende un cratère de météorite vieux de 10 000 ans...
Ça fait 3 jours que je ne me suis pas lavé, ce n’est pas que ça me dérange réellement mais autant joindre l’utile à l’agréable et se baigner à plus de 3000 m. L’eau est fraîche (environ 12° c), je rentre rapidement dans l’eau, c’est tellement amusant de nager à cette altitude que je réalise la traversé du lac. Mes compagnons sont totalement apeurés de me voir dans l’eau. Pour de nombreuses personnes des esprits appelés MoXiNa vivent dans les montagnes. S’ils ont besoin d’une nouvelle âme ils pourraient prendre la mienne et donc m’entrainer au fond du lac… Cette superstition est renforcée par une histoire selon laquelle la seule personne s’étant risquée à nager dans le lac avant moi serait morte en nageant. Nous rentrons au refuge et je discute longuement avec Edgar et Rae Lan. Nous comparons nos styles de vie, nos pays et nos cultures. C’est très enrichissant et j’apprécie vraiment qu’ils prennent le temps de m’expliquer comment leur société évolue notamment par rapport aux croyances en ces esprits de la montagne.

Vendredi 16 Août : 

Une journée plutôt tranquille, nous avons juste à marcher vers l’entrée du parc. Il fait très beau et j’en profite pour effectuer l’ascension d’un sommet à 3603 m. 
Une photo dans le plus pure style taïwanais
Dans la descente, juste au-dessus du premier refuge nous croisons la route d’une famille de singe. 
Le mal dominant le reste de la famille du haut de son trône
Après ces derniers jours de pluie ils se font dorer la pilule et en profite pour se chercher les poux ! La route en sens inverse vers la vallée est encore pire qu’à la montée, les dernières pluies ont endommagé encore un peu plus la chaussée et notre chauffeur a dû avoir son permis dans une pochette surprise. Je peux le dire j’ai vraiment serré le cul tout le long de la route. Nous retournons à TaiTung où je dois rester le samedi mais c’est une autre histoire.

1 commentaire:

  1. Bonjour Benjamin,
    Vraiment sympa ce petit descriptif, ça donne bien envie... merci :)
    Je voulais te demander s'il était possible de faire ce trek sans guide ? Fin-Février voir début mars ? et s'il y a besoin d'un permis ?
    Je te remercie par avance.
    Cédric

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