samedi 31 août 2013

De la découverte des aborigènes

Au moment où j’écris ses lignes je me trouve dans la dernière ligne droite de mon voyage mais qui se trouve être aussi la plus intéressante. Je viens de passer une semaine plutôt tranquille. Les balades dans Taipei ainsi qu’un petit tour dans la ville d’Yilan m’ont permis de ne vraiment pas m’ennuyer !   
Le bol sur la tête et en avant pour la découverte de la ville en scooter!
Mes propos cette fois-ci sont l’aboutissement d’une réflexion que j’ai entamé au début de mon voyage. Les Taïwanais que j’ai rencontré ont rapidement su que j’étais un grimpeur et alpiniste. Ils me proposent tous des multitudes de plans pour partir en montagne ou grimper. Il est impossible pour moi d’expliquer la générosité que ces gens ont en eux. J’en viens même à penser que je suis dans un voyage organisé par un tour opérateur ! Je n’ai juste à penser qu’à mes affaires et aux différents points de rendez-vous. Mais, et oui il y en a un. Ces différentes activités ou voyages passent au second plan, je ressens, que les différentes rencontres que j’ai pu faire et que je fais encore sont bien plus importantes que d’atteindre tel ou tel sommet. 

J’ai pu vivre ces deux derniers jours une expérience complètement nouvelle. Une fois de plus je suis invité à me joindre à un groupe de professeur dans le cadre de la promotion des activités de la montagne. Ce stage, organisé par le professeur Along de l’Université Shida, nous emmène cette fois-ci à la découverte d’un village aborigène. A Taïwan, certaines personnes, descendant des premiers peuplements de l’île vivent toujours selon un mode de vie très éloigné de la mode occidentale qui envahit Formose. Nous partons dans une chaleur suffocante du QG des gardes du Taroko National Park. Nous avons à peine 1000 mètres de dénivelé et 7 kilomètres à parcourir mais ça tourne vite à la grosse punition. Nous n’avons pas parcouru 500 m, qu’une professeur est proche de l’évanouissement. Elle vomit et ne semble pas avoir la capacité de continuer. Le professeur Along, KuoWei et moi attendons un peu puis nous la déchargeons de son sac et la montée continue doucement. Juste pour donner quelques chiffres car je n’arrive pas à décrire la chaleur qu’il pouvait faire. Ma montre, se trouvant sur une bretelle de mon sac à dos, affichait 34° C lorsque nous nous trouvions à l’ombre dans la forêt. Un professeur avait un hygromètre, plus ou moins 80 % d’humidité… 

Euh je crois que je surchauffe...
Aux premiers instants de la nuit nous finissons par arriver à Datung, village perché à 1100 m d’altitude et coupé du monde que nous connaissons. A peine le sac posé au sol, beaucoup de personne du groupe sortent leur téléphone et cherchent le réseau qui restera introuvable.
Le village nous attend, les tables situées au centre du village sont déjà jonchées de mets tous plus appétissant les uns que les autres. On peut notamment y retrouver une spécialité : du riz et des haricots rouges dans du bambou. Pour le manger il suffit de briser le bambou dans la longueur et de déguster cette pâte bien collante mais délicieuse. 

Du riz dans du bambou, bien mieux que des barres énergétiques
Nous mangeons, les aborigènes me regardent de loin. Et oui ils ne voient pas un blanc tous les jours ! Along me présente au chef du village, je tente quelques mots de chinois mes ses réponses sont pour moi incompréhensibles ! J’ai besoin d’un traducteur car sa prononciation est très différente du chinois plutôt classique que je baragouine. Nous discutons de son passé. Il est né dans ce village puis est descendu dans la vallée, a travaillé dans des usines mais a perdu beaucoup d’argent à cause de l’alcool. De plus il fut mis à l’écart de la société car il était différent… une surprise dans le monde des humains ? Pas vraiment ! Maintenant il est de retour dans ses montagnes et vit de l’agriculture et de la chasse. Pour animer un peu ces palabres nous buvons une bonne bouteille de whisky et cela amène Mio (chef du village) à m’inviter pour une partie de chasse nocturne. Je ne suis pas sûr qu’il soit en état, il parait totalement saoul… J’ai un peu peur mais Kuowei et Tsengtzu veulent bien venir aussi, avec eux je peux parler anglais au cas où… Nous préparons un fusil, fabriqué à la main. Je m’occupe de le charger sous les ordres de Mio qui tient sa cigarette un peu trop prêt de la poudre à mon goût. Nous quittons le petit village au beau milieu de la nuit, le ciel est magnifique. C’est la première fois depuis mon arrivée que je peux observer la voie lactée. Mio stoppe la marche et me fait signe de ne plus bouger. Aidé de sa lampe il éclaire un oiseau ressemblant à une mésange. L’oiseau dort sur une branche à environ 1 m 50 du sol. Mio s’approche tout en continuant à aveugler l’animal. Il se poste à la verticale sous la branche, approche sa main tout doucement, s’arrête à 10 cm des pattes et d’un geste proche d’un réflexe attrape l’oiseau. Il nous le ramène le sourire aux lèvres. Il semble très fier de confirmer sa réputation d’excellent chasseur. La marche reprend, l’oiseau est gardé vivant dans le sac de Tsengtzu. Les bruits des animaux me donnent l’impression que mes sens sont décuplés. Je n’ai pas une lampe frontale qui éclaire beaucoup et mes oreilles sont à l’écoute du moindre craquement ou bruit provenant de la forêt. Mio marque à nouveau l’arrêt, pointe du doigt un arbre, approche le fusil de son épaule et tire. Quelque chose tombe d’une branche, nous entendons bouger en contrebas du sentier. Mio se dépêche de retrouver l’animal pendant que nous attendons sur le sentier. Une masse informe atterrit juste devant mes pieds. C’est roux, ça mesure environ 60 cm avec la queue, c’est un écureuil volant !  Mio le place dans mon sac. Le jour n’est pas très loin et nous rentrons au village. Mio est effectivement un très bon chasseur, moi qui le croyais totalement saoul !
Le jour réveillent les professeurs et me lance dans une nouvelle journée sans avoir fermé les yeux. Après un rapide petit déjeuner à base de riz gluant nous les initions à la cueillette des plantes comestibles que l’on peut trouver à cette altitude. Pendant ce temps nous préparons l’écureuil pour le repas de midi. C’est très simple à cuisiner. 

L’écureuil à la façon aborigène

Préparation 20 minutes, cuisson : 1h

Ingrédients :
- 1 écureuil volant de bonne taille
- Du gingembre frai
- Piments
- 1 bonne estomac
- Deux narines pas trop sensibles
 

Préparation :

-    Commencez par vider l’animal de ses entrailles. Attention ne pas les jeter mais réservez-les dans une casserole.
-    Découpez la queue et réservez-la pour vous faire une très belle écharpe pour l’hiver.
-    Découpez le reste de la carcasse sans vous soucier des os. Essayez de faire des morceaux de la taille d’une bouchée car ici on mange avec des baguettes.
-    Coupez le gingembre en fine lamelle.
-    Déposez les morceaux d’écureuil, les piments et le gingembre dans une marmite d’eau bouillante et laissez cuire à feu doux pendant une heure.
-    Pour les entrailles, rien de bien compliqué. Il suffit de les hacher très finement, voire de les mixer et de cuir le tout pendant un quart d’heure. Assurez-vous que le mélange a bouilli un peu avant de le déguster.

De l'écureuil, pas forcément le mets le plus délicat sur Terre

Hum la bonne souplette!
Et bon appétit bien sûr !

Pour être un peu plus sérieux, la soupe est difficilement dégustable sans avoir quelques relents. Mais c’est un mets très délicat dans la culture aborigène. Ce plat est d’ailleurs réservé aux personnes âgées car il possède la réputation d’être excellent pour la santé.


Vous aurez peut-être remarqué le manque de photo pour illustrer l'article mais j'ai eu une petite panne d'appareil. J'attends de recevoir les images prises par un ami taïwanais.

Pour mon programme, le permis pour Xueshan vient d’être annulé à cause du passage d’un nouveau typhon mais par contre je viens d’avoir la confirmation que je pourrai gravir Yushan les 3 et 4 septembre. Je viens aussi d’acheter un billet pour passer quelques jours à Hong Kong mais ce sera dans un prochain billet. 

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