samedi 31 août 2013

De la découverte des aborigènes

Au moment où j’écris ses lignes je me trouve dans la dernière ligne droite de mon voyage mais qui se trouve être aussi la plus intéressante. Je viens de passer une semaine plutôt tranquille. Les balades dans Taipei ainsi qu’un petit tour dans la ville d’Yilan m’ont permis de ne vraiment pas m’ennuyer !   
Le bol sur la tête et en avant pour la découverte de la ville en scooter!
Mes propos cette fois-ci sont l’aboutissement d’une réflexion que j’ai entamé au début de mon voyage. Les Taïwanais que j’ai rencontré ont rapidement su que j’étais un grimpeur et alpiniste. Ils me proposent tous des multitudes de plans pour partir en montagne ou grimper. Il est impossible pour moi d’expliquer la générosité que ces gens ont en eux. J’en viens même à penser que je suis dans un voyage organisé par un tour opérateur ! Je n’ai juste à penser qu’à mes affaires et aux différents points de rendez-vous. Mais, et oui il y en a un. Ces différentes activités ou voyages passent au second plan, je ressens, que les différentes rencontres que j’ai pu faire et que je fais encore sont bien plus importantes que d’atteindre tel ou tel sommet. 

J’ai pu vivre ces deux derniers jours une expérience complètement nouvelle. Une fois de plus je suis invité à me joindre à un groupe de professeur dans le cadre de la promotion des activités de la montagne. Ce stage, organisé par le professeur Along de l’Université Shida, nous emmène cette fois-ci à la découverte d’un village aborigène. A Taïwan, certaines personnes, descendant des premiers peuplements de l’île vivent toujours selon un mode de vie très éloigné de la mode occidentale qui envahit Formose. Nous partons dans une chaleur suffocante du QG des gardes du Taroko National Park. Nous avons à peine 1000 mètres de dénivelé et 7 kilomètres à parcourir mais ça tourne vite à la grosse punition. Nous n’avons pas parcouru 500 m, qu’une professeur est proche de l’évanouissement. Elle vomit et ne semble pas avoir la capacité de continuer. Le professeur Along, KuoWei et moi attendons un peu puis nous la déchargeons de son sac et la montée continue doucement. Juste pour donner quelques chiffres car je n’arrive pas à décrire la chaleur qu’il pouvait faire. Ma montre, se trouvant sur une bretelle de mon sac à dos, affichait 34° C lorsque nous nous trouvions à l’ombre dans la forêt. Un professeur avait un hygromètre, plus ou moins 80 % d’humidité… 

Euh je crois que je surchauffe...
Aux premiers instants de la nuit nous finissons par arriver à Datung, village perché à 1100 m d’altitude et coupé du monde que nous connaissons. A peine le sac posé au sol, beaucoup de personne du groupe sortent leur téléphone et cherchent le réseau qui restera introuvable.
Le village nous attend, les tables situées au centre du village sont déjà jonchées de mets tous plus appétissant les uns que les autres. On peut notamment y retrouver une spécialité : du riz et des haricots rouges dans du bambou. Pour le manger il suffit de briser le bambou dans la longueur et de déguster cette pâte bien collante mais délicieuse. 

Du riz dans du bambou, bien mieux que des barres énergétiques
Nous mangeons, les aborigènes me regardent de loin. Et oui ils ne voient pas un blanc tous les jours ! Along me présente au chef du village, je tente quelques mots de chinois mes ses réponses sont pour moi incompréhensibles ! J’ai besoin d’un traducteur car sa prononciation est très différente du chinois plutôt classique que je baragouine. Nous discutons de son passé. Il est né dans ce village puis est descendu dans la vallée, a travaillé dans des usines mais a perdu beaucoup d’argent à cause de l’alcool. De plus il fut mis à l’écart de la société car il était différent… une surprise dans le monde des humains ? Pas vraiment ! Maintenant il est de retour dans ses montagnes et vit de l’agriculture et de la chasse. Pour animer un peu ces palabres nous buvons une bonne bouteille de whisky et cela amène Mio (chef du village) à m’inviter pour une partie de chasse nocturne. Je ne suis pas sûr qu’il soit en état, il parait totalement saoul… J’ai un peu peur mais Kuowei et Tsengtzu veulent bien venir aussi, avec eux je peux parler anglais au cas où… Nous préparons un fusil, fabriqué à la main. Je m’occupe de le charger sous les ordres de Mio qui tient sa cigarette un peu trop prêt de la poudre à mon goût. Nous quittons le petit village au beau milieu de la nuit, le ciel est magnifique. C’est la première fois depuis mon arrivée que je peux observer la voie lactée. Mio stoppe la marche et me fait signe de ne plus bouger. Aidé de sa lampe il éclaire un oiseau ressemblant à une mésange. L’oiseau dort sur une branche à environ 1 m 50 du sol. Mio s’approche tout en continuant à aveugler l’animal. Il se poste à la verticale sous la branche, approche sa main tout doucement, s’arrête à 10 cm des pattes et d’un geste proche d’un réflexe attrape l’oiseau. Il nous le ramène le sourire aux lèvres. Il semble très fier de confirmer sa réputation d’excellent chasseur. La marche reprend, l’oiseau est gardé vivant dans le sac de Tsengtzu. Les bruits des animaux me donnent l’impression que mes sens sont décuplés. Je n’ai pas une lampe frontale qui éclaire beaucoup et mes oreilles sont à l’écoute du moindre craquement ou bruit provenant de la forêt. Mio marque à nouveau l’arrêt, pointe du doigt un arbre, approche le fusil de son épaule et tire. Quelque chose tombe d’une branche, nous entendons bouger en contrebas du sentier. Mio se dépêche de retrouver l’animal pendant que nous attendons sur le sentier. Une masse informe atterrit juste devant mes pieds. C’est roux, ça mesure environ 60 cm avec la queue, c’est un écureuil volant !  Mio le place dans mon sac. Le jour n’est pas très loin et nous rentrons au village. Mio est effectivement un très bon chasseur, moi qui le croyais totalement saoul !
Le jour réveillent les professeurs et me lance dans une nouvelle journée sans avoir fermé les yeux. Après un rapide petit déjeuner à base de riz gluant nous les initions à la cueillette des plantes comestibles que l’on peut trouver à cette altitude. Pendant ce temps nous préparons l’écureuil pour le repas de midi. C’est très simple à cuisiner. 

L’écureuil à la façon aborigène

Préparation 20 minutes, cuisson : 1h

Ingrédients :
- 1 écureuil volant de bonne taille
- Du gingembre frai
- Piments
- 1 bonne estomac
- Deux narines pas trop sensibles
 

Préparation :

-    Commencez par vider l’animal de ses entrailles. Attention ne pas les jeter mais réservez-les dans une casserole.
-    Découpez la queue et réservez-la pour vous faire une très belle écharpe pour l’hiver.
-    Découpez le reste de la carcasse sans vous soucier des os. Essayez de faire des morceaux de la taille d’une bouchée car ici on mange avec des baguettes.
-    Coupez le gingembre en fine lamelle.
-    Déposez les morceaux d’écureuil, les piments et le gingembre dans une marmite d’eau bouillante et laissez cuire à feu doux pendant une heure.
-    Pour les entrailles, rien de bien compliqué. Il suffit de les hacher très finement, voire de les mixer et de cuir le tout pendant un quart d’heure. Assurez-vous que le mélange a bouilli un peu avant de le déguster.

De l'écureuil, pas forcément le mets le plus délicat sur Terre

Hum la bonne souplette!
Et bon appétit bien sûr !

Pour être un peu plus sérieux, la soupe est difficilement dégustable sans avoir quelques relents. Mais c’est un mets très délicat dans la culture aborigène. Ce plat est d’ailleurs réservé aux personnes âgées car il possède la réputation d’être excellent pour la santé.


Vous aurez peut-être remarqué le manque de photo pour illustrer l'article mais j'ai eu une petite panne d'appareil. J'attends de recevoir les images prises par un ami taïwanais.

Pour mon programme, le permis pour Xueshan vient d’être annulé à cause du passage d’un nouveau typhon mais par contre je viens d’avoir la confirmation que je pourrai gravir Yushan les 3 et 4 septembre. Je viens aussi d’acheter un billet pour passer quelques jours à Hong Kong mais ce sera dans un prochain billet. 

vendredi 23 août 2013

Une nouvelle expérience? Le River Tracing!

Ma réflexion du jour est en rapport avec les expériences que j’ai eu la chance d’avoir durant le week-end du 17 et 18 Août dernier. Je suis parti tester deux sports : le canyoning et le river tracing ou river hikking. Le second est assez endémique aux îles du Japon et de Taïwan. Pour comprendre le sens de ma pensée il faut savoir que pour le premier nous n’étions que cinq alors que pour le deuxième nous étions quinze. Il faut ajouter à cela que pour le plus grand des groupes j’étais le plus expérimenté alors que je ne connaissais pas cette activité. Alors que pour le canyoning j’étais avec Edgar Chang GHM (Guide de Haute Montagne). Je vais essayer de vous faire partager ce que j’appelle maintenant l’organisation à la taïwanaise. 

Vendredi soir nous sortons du restaurant et rentrons chez des amis de ChuHan habitant TaïTung. On me propose de se coucher tout de suite car tout le monde est fatigué du trek des jours derniers et le lendemain nous devons nous lever à 7h pour partir vers mon premier voyage en river tracing. Nous nous levons effectivement à 7h et l’on doit essayer de partir rapidement car tout le monde à faim et l’on veut prendre un petit déjeuner en ville. Je fais aussi vite que je peux et en à peine 15 minutes mon paquetage est prêt. Et cela rime avec le début d’une longue attente… Cela dure et dure, les préparatifs s’éternisent et je ne sais plus quoi faire pour m’occuper. Un peu moins d’une heure après tout le monde semble prêt. Nous allons prendre un délicieux  petit déjeuner à base d’œuf et de pain toasté. Les estomacs remplis, je pensais que nous allions nous diriger vers la rivière et enfin profiter des joies de se baigner par cette température caniculaire.

Malgré une couleur un peu froide, l'eau est à 27° C
Ce n’est apparemment pas pour tout de suite car il faut d’abord trouver des gilets de sauvetages car un quart du groupe ne sait pas nager. Je reviendrai plus tard sur ce point. Nous faisons deux ou trois magasins, je suis le mouvement. Je crois que mes hôtes commencent à se rendre compte que je ne suis pas loin de craquer et de tout envoyer chier. En se levant à 7h, et avec seulement une demi-heure de route nous arrivons vers un peu plus de 11h au départ du canyon. Je crois que nous n’avons pas les mêmes modes de fonctionnement mais ça n’importe pas car la suite de la journée a bien rattrapé ces petits désagréments.

Samedi 17 Août :

Donc la dite journée du river tracing. Je vais quand même expliquer le principe et le pourquoi du comment. Le river tracing ou river hikking consiste à effectuer l’inverse du canyoning. On part du bas de la rivière pour la remonter et ensuite en effectuer la descente. Pour l’ascension on utilise des techniques proches de l’escalade et pouvant atteindre même atteindre l’escalade artificielle. Pour la descente c’est similaire à du canyoning. L’idée de remonter des cours d’eau plutôt que de passer par un sentier vient surement du fait que la forêt est en de nombreux endroits complétement impénétrable. 
Sauter sans combinaison c'est pas la même!

Dimanche 18 Août :

Cette fois-ci je pars avec Edgar Chang pour réaliser un vrai un canyon ! C’est un sport très peu développé, d’ailleurs notre projet n’a pas été fait depuis 2001, année de son ouverture. Nous posons la voiture et partons en train, puis prenons un taxi et enfin nous marchons une bonne heure pour rejoindre une crête donnant sur l’océan Pacifique. Là commence « The Jungle » ! Nous repérons ce qui ressemble à une légère dépression et nous engouffrons dans un inextricable mélange de roches instables et de végétaux piquant ou urticant. Pour moi ça ressemble juste à ce que je déteste. Pas de vent, ma montre accrochée sur le sac indique plus de 40° C, des araignées et des serpents nous guettent… Je suis loin d’être à l’aise dans ce milieu peut être trop vivant pour moi. Je pense à des paysages proches de la Meije, uniquement du minéral. Après peut-être deux heures de combat avec des plantes toujours plus piquantes, on commence à voir quelques traces d’eau. 
Edgar dans le plus grand rappel
Elle est claire et limpide et des écrevisses vivent dedans. Nous n’avons pas beaucoup d’eau donc je bois dans ce petit ruisseau. Les taïwanais me regardent un peu bizarrement mais je leur explique que si les écrevisses vivent dedans c’est que l’eau est potable. Nous continuons la descente et la rivière devient un peu plus importante mais rien de bien monstrueux. C’est l’été et ce canyon demande plus de pluie pour être exploitable. Quelques vasques apparaissent, j’en vois une assez profonde, « ok, je vais sauter ». Euh non pas vraiment… juste avant de sauter j’aperçois à travers l’eau un serpent d’un peu plus ‘un mètre nageant tranquillement. Je vais choisir une autre vasque… La suite de la rivière est assez banale et le manque cruel d’eau se fait ressentir sur la fin. Edgar est assez confus et me promet d’emmener dans un autre canyon plus intéressant avant mon départ.
Improvisons un waterline?

Je peux maintenant faire mon aparté sur la natation à Taïwan. Beaucoup de gens, je dirais un quart de la population ne sait pas nager. L’explication vient du fait que le gouvernement proscrit tous les sports à risque tels que la natation ou encore la randonnée… C’est un réel problème car du coup la randonnée ne connait pas un développement très fort malgré un potentiel tout simplement immense. Et n’est pas un comble que de vivre sur un île et de ne pas savoir nager ?
Du coup quand on ne sait pas nager on porte un gilet de sauvetage, en fait même si l'on sait on en porte un car l'océan est très dangereux ;)

dimanche 18 août 2013

Premier Trek à Taïwan

J’attaque ce second article comme le premier par une petite réflexion sur les sujets qui m’ont marqué.Tout d’abord chose complètement improbable en France, on peut partir avec des groupes de plus de 20 personnes. Pour mon trek à JiaMing Lake nous étions un peu plus de soixante ! Ici et contrairement à notre visions européenne de la société, le groupe passe bien avant l’individu. Chaque personne porte du matériel même s’il n’en aura pas besoin. Cette vison complétement différente m’a quelque peu déstabilisé car tout le monde se mêle de ce qui ne le regarde pas forcément. Je suis en train de fumer une cigarette et quelqu’un observe un mégot au sol, et dans les heures qui suivent, « l’étranger » jette ces cigarettes par terre alors que depuis le début je ramasse des déchets sur le bord du chemin… Bon passons ce n’est pas très important mais cela nous amène à mon deuxième point. La politique locale en matière de protection de la nature est intitulé comme ceci « Leave No Trace » : ne pas laisser de trace. On m’explique rapidement que tout ce que l’on monte on le redescend. Cela passe par le papier toilette que l’on ne cache pas sous une pierre mais aussi par les déchets biodégradables tels que les épluchures de légume. Je trouve la démarche compréhensible mais là où cela devient vraiment extrémiste c’est quand au moment de quitter notre dernier refuge je demande si l’on ne laisse pas le riz qu’il reste pour des suivants en cas de tempête comme cela arrive souvent ici. L’organisatrice de ce trek me répond que non car on ne doit rien laisser derrière nous. C’est ici que nous engageons un débat entre cette femme, un guide et moi. Avec le guide nous essayons d’expliquer que laisser du riz dans une cuisine est tout à fait normal et ne vient pas à l’encontre de la politique de sauvegarde de l’environnement qui est appliquée à Taïwan. Nous redescendrons le riz mais je me demande si des restrictions aussi draconiennes ne viennent pas casser l’enthousiasme de certains à aller en montagne. Ils m’ont tellement retourné le cerveau que j’avais du mal à pisser en pleine nature ! Car ne pensez pas faire comme en France et faire vos besoins liquides autour du refuge. S’il ne faut pas laisser de trace de son passage les refuges sont une complète hérésie. Pouvant accueillir presque 200 personnes, ils sont équipés de plus de six WC. Ce qui fait des bâtiments énormes qui ne passent pas vraiment inaperçus… Je pense que ces conflits viennent de la jeunesse de cette activité sur l’île. Ils sont encore en train de définir les règles d’une activité dont la plupart des pratiquants ne font que suivre un guide et n’ont aucune connaissance réelle d’un milieu qui les effraye. Une réflexion que je développerai plus longuement dans mon prochain billet.

Samedi 10 Août :

Rien de bien exceptionnel, j’ai passé une bonne partie de la journée à trier des photos et à rédiger le dernier article. Cette rédaction m’a permis de recentrer le but de mon voyage et de faire un point sur ma première semaine de vacances. 

Dimanche 11 Août :


Ce n’est pas vraiment la meilleure idée que j’ai eu depuis mon départ de France. Mon guide (Michelin) conseille vivement de découvrir la ville de DanShui (淡水), mais je ne suis pas le seule à décider de me balader ici un dimanche. J’ai l’impression que c’est le lieu de rendez-vous de la moitié de la population de Taipei, soit un peu plus d’un million de personne sans compter les touristes comme moi !!! Il fait toujours une chaleur horrible et je me déplace de lieux ombragés en lieux climatisés. J’essaye de me détourner des foules pour trouver de petites rues aux charmes proches de la cuisine d’un restaurant se trouvant dans un atelier de mécanique automobile. Bref ce n’est pas la joie !  Je continue mon périple dans les petites rues et là je tombe amuser devant quelque chose de plutôt intéressant. Un lieu que la France a perdu il y a déjà quelques années mais qui pour une journée comme celle-ci peut vous occuper l’esprit pendant au moins une heure : le cabinet de curiosités ! Entre la tortue siamoise à deux têtes et la ceinture de chasteté pour homme, je passe peut-être une heure complétement absorbé par le nombre de singularité qu’une femme d’approximativement 70 ans a pu accumuler au long de sa vie. Je rentre à l’hôtel et prépare mes affaires mon départ du lendemain.
J'aime bien notre époque

Le coq transgénique, que du bonheur, quatre cuisse à manger!

Lundi 12 Août :

Je pars en direction de TaiTung (台東), dans le but de rejoindre une équipe de trekkeur pour la semaine. Je prends le train avec ChuHán (la fille rencontrée dans le magasin de montagne). Nous passons par la côte Est. Il faut savoir que ce côté de Taïwan accuse un retard de développement assez conséquent par rapport à l’ouest. En regardant par la fenêtre du train, des camions nous doublent. J’ai l’impression que nous n’avançons pas. Je calcul rapidement : 6 heures de train pour parcourir 340 km, oui c’est bien cela nous avançons à un peu plus de 50 km/h… 
On remarque aisément un manque cruel d’infrastructure à l'Est...

Nous arrivons finalement à l’hôtel et refaisons les sacs pour y intégrer le matériel pour le groupe. C’est à cet instant très précis que je découvre l’ampleur de ce groupe. Nous sommes un peu plus de soixante à partir. Le but de ce trek étant de rassembler des profs de primaire et de collège dans le cadre d’une sensibilisation à l’environnement et à la randonnée en montagne. L’île de Taïwan possède quelques 200 sommets culminant à plus de 3000 m mais peu de personne profite de ce patrimoine considérable. Je finis les derniers préparatifs avec KuoWei (le même qui m’a emmené grimper la semaine dernière). J’apprends aussi que je suis intégré au dispositif d’encadrement car mes connaissances sur le milieu de la montagne sont équivalentes à celles du guide. 

Mardi 13 Août :

Nous entamons notre périple vers Jiaming Lake (嘉明湖) par trois heures de route. Nous sommes dans des minibus à boîte de vitesse manuelle et les chauffeurs ne semblent pas bien habitués à ce genre de mécanique pourtant courante en Europe. La route a subi de nombreux dégâts lors du dernier typhon (cyclone en Asie). Ça passe mais même en étant habitué à rouler en montagne je suis quelques fois tenté de fermer les yeux ! Nous arrivons sains et saufs à l’entrée du YuShan National Park (玉山國家公園). Un repas vite avalé et nous commençons enfin à marcher. 
Il faut ce qu'il faut pour se protéger de la pluie!
Il fait beaucoup moins chaud que dans la plaine et c’est très agréable d’arrêter de transpirer à chaque pas. Mais malheureusement un typhon passe entre les Philippines et Taïwan et nous récoltons les restes de la perturbation. Nous marchons environs 3 heures pour arriver à notre premier refuge. Ici les refuges sont non-gardés, il faut donc transporter toute la nourriture et ce n’est pas une mince affaire car les taïwanais, lorsqu’ils partent en montagne, mangent comme à la maison. Après un repas exceptionnel je pars me coucher, il ne fait pas très froids, 14° c mais l’humidité est proche de 90%, la nuit dans un duvet – 10° c confort ne sera pas du luxe.
KuoWei, guide, porteur et cuisinier dans la tenue des guides locaux. Ici les bottes sont de rigueur

Mercredi 14 Août :

Il a plu toute la nuit et ça continue. Je n’ai pas forcément le bon équipement pour ce genre de climat et je décide donc de lâcher le groupe pour passer le moins de temps possible sous cette pluie battante. 
Je laisse une petite trace de mon passage, on peut lire 法国, FaGuo,France!
Je m’assois dans le refuge suivant aux alentours de 11 heure du matin, la journée va être longue… Lecture, un peu de poker grâce à un jeu de carte découvert sous un lit et le bal de la cuisine reprend vers 18h car il fait nuit beaucoup plus tôt que chez nous (environ 18h30). C’est impressionnant de voir les plats que KuoWei arrive à préparer alors que nous nous trouvons en refuge sans cuisine. Chaque plat est délicieux, je vais avoir du mal à revenir en France et à manger des pâtes toutes simples…

Jeudi 15 Août : 

C’est le jour du sommet, enfin plutôt du lac ! La météo semble beaucoup plus clémente mais ça ne dure guère. Très rapidement le vent se lève et ramène les nuages de la vallée. Une fine bruine vient juste gâcher des paysages qui pourraient être tout simplement exceptionnels. En trois heures et en compagnie d’Edgar Chang (un guide taïwanais ayant passé son diplôme au Canada) et de Rae Lan (une prof d’anglais de l’université Shi Da) j’effectue l’ascension de mon premier sommet taïwanais, 3496 mètres.
Mon premier sommet taïwanais, ici sur chaque montagne une pierre pourtant le nom ainsi que l'altitude permet de faire une photo souvenir.
A cette altitude, et sans soleil il fait toujours plus de 10° c ! Nous mangeons un peu de viande de porc séchée et nous redescendons vers notre principal objectif : le JiaMing Lake. Cette étendue d’eau perchée à 3310 m mesure environ 120 m par 70 m. 
JiaMing Lake ou le lac du soleil et de la lune se serait selon la légende un cratère de météorite vieux de 10 000 ans...
Ça fait 3 jours que je ne me suis pas lavé, ce n’est pas que ça me dérange réellement mais autant joindre l’utile à l’agréable et se baigner à plus de 3000 m. L’eau est fraîche (environ 12° c), je rentre rapidement dans l’eau, c’est tellement amusant de nager à cette altitude que je réalise la traversé du lac. Mes compagnons sont totalement apeurés de me voir dans l’eau. Pour de nombreuses personnes des esprits appelés MoXiNa vivent dans les montagnes. S’ils ont besoin d’une nouvelle âme ils pourraient prendre la mienne et donc m’entrainer au fond du lac… Cette superstition est renforcée par une histoire selon laquelle la seule personne s’étant risquée à nager dans le lac avant moi serait morte en nageant. Nous rentrons au refuge et je discute longuement avec Edgar et Rae Lan. Nous comparons nos styles de vie, nos pays et nos cultures. C’est très enrichissant et j’apprécie vraiment qu’ils prennent le temps de m’expliquer comment leur société évolue notamment par rapport aux croyances en ces esprits de la montagne.

Vendredi 16 Août : 

Une journée plutôt tranquille, nous avons juste à marcher vers l’entrée du parc. Il fait très beau et j’en profite pour effectuer l’ascension d’un sommet à 3603 m. 
Une photo dans le plus pure style taïwanais
Dans la descente, juste au-dessus du premier refuge nous croisons la route d’une famille de singe. 
Le mal dominant le reste de la famille du haut de son trône
Après ces derniers jours de pluie ils se font dorer la pilule et en profite pour se chercher les poux ! La route en sens inverse vers la vallée est encore pire qu’à la montée, les dernières pluies ont endommagé encore un peu plus la chaussée et notre chauffeur a dû avoir son permis dans une pochette surprise. Je peux le dire j’ai vraiment serré le cul tout le long de la route. Nous retournons à TaiTung où je dois rester le samedi mais c’est une autre histoire.

samedi 10 août 2013

Taiwan # 1 - Premiers jours


Mon premier texte depuis mon arrivée à Taïwan. J’attaque mon sixième jour dans cette chaleur intense, supérieur à 30° C dès 7h30 du matin... Mais ce n’est pas tout, car pour vous donner un ordre d’idée le taux d’humidité dans l’air n’est pas descendu en dessous de 60 % en 5 jours et pourtant il n’a pas plu une seule fois.

J’ai passé mes premières journées à me balader dans l’immense ville de Taipei (台北). Je suis retourné sur des lieux que j’avais visité en 2005. Ma vision de certaines choses a réellement changée. Les salons de massage proches du temple de LongShan (龍山) sont consacrés à des massages un peu plus personnels, les vendeuses de « nut brittle » ne font pas vraiment dans la gastronomie. Ce sont des détails mais j’ai l’impression que je découvre un nouveau visage de la ville. Une autre différence que j’ai pu constaté : l’omniprésence des smartphones dans la vie des taïwanais. Je n’ai pas réussi à faire une photo assez démonstrative dans le métro mais ces gens sont complétement scotchés devant leur écran pour discuter sur des réseaux sociaux ou bien tout simplement regarder la télévision. J’arrive quand même à avoir quelques échanges quand les gens me demandent « Nǐ shì měiguó rén ma? » (Es-tu américain ?). Mais à mon grand regret, une fois ma réponse donnée, ils retournent à leurs activités digitales.

Passé ce passage sur mes impressions du moment voilà un petit résumé de mes activités des premiers jours :



 Mardi 6 Août :

Après mon arrivée à l’aéroport de Taipei qui est encore à une heure de bus du centre-ville, j’ai commencé ma recherche d’un hôtel pas trop cher et propre. Cette tâche m’a occupé une bonne partie de la journée. 
Ma chambre au 22ème étage de la tour de droite
 Après ça j’ai commencé à prospecter pour la suite de mon voyage, le but étant de trouver des cartes plus précises que le 1/100 000 que j’avais imprimé avant de partir. C’est en cherchant dans un magasin que j’ai rencontré 王楚涵 (Wángchuhán), une Alpinism and Trekking Instructor. Elle demande si je suis intéressé pour me joindre à un groupe pour un trek de quatre ou cinq jours dans le centre de l’île. Je lui explique mon projet initiale de traversée l’île en 14 à 20 jours par la chaîne de montagne mais elle m’explique que c’est impossible en raison d’une densité de forêt trop élevée. Bon je suis un peu déçu mais à la fois très content car je ne vais pas randonnée tout seul.
Après cette rencontre réconfortante pour la suite de mon voyage, je rentre à l’hôtel et dors environ 14 heures. 


Mercredi 7 Août :

Le matin je ne suis pas vraiment apte à faire quelque chose de trop intellectuel. Je me rends à l’institut des français à Taïwan pour obtenir quelques informations relatives à ma demande de visa pour le Cambodge. Après ça je décide pour l’après midi de retourné vers LongShan Temple. 
LongShan Temple et une des nombreuses tables à offrande.
Le quartier n’a pas trop changé depuis ma dernière visite mais comme je l’ai expliqué dans le début de mon article ma vision a complétement changé. Le soir arrive et je retourne proche de mon hôtel pour déguster des Niúròu miàn (牛肉麵).
Un bon plat de Niurou Mian et une bonne bière pour finir la journée
C’est un des plat typique de Taiwan, un grand bol avec des pâtes et du bœuf, le tout dans un excellent bouillon ! Retour à l’hôtel et rebelote, 14 heures de sommeil pour essayer de rattraper les six heures de décalage.


Jeudi 8 Août :


Ma dernière visite à Taiwan ne m’avait pas permis de visiter le zoo. Le lonely planet et mes nouveaux amis taïwanais m’ont vivement conseillé d’aller y faire un tour. Me voilà donc dans le métro pour rejoindre le bout de la ligne Muzha et par la même occasion le zoo. Il fait une chaleur qui ne me permet pas de marcher rapidement mais plus je marche lentement et plus je reste sous ce soleil de plomb. 
Oh la famille!!!

Celle-ci n'est pas dans une cage!
Je ne sais pas comment les animaux font pour ne pas mourir tant la température est insoutenable. Le zoo est assez bien entretenu, on peut y voir tous les animaux des autres zoos du monde mais en bonus il y a une zone consacrée aux espèces endémiques de l’île et chose encore plus rare des pandas. Taiwan étant entouré par les eaux, les différents peuplements d’animaux se sont développés différemment que ceux du continent. Durant ma visite je rencontre un américain. A la base je n’avais pas forcément envie de passer du temps avec un yankee. Il est professeur d’anglais en Corée du sud et s’avéra finalement un très bon compagnon de discussion. Pour le soir nous ne rêvions que d’une chose : un endroit frais avec une bonne bière. Après quelques recherches sur un célèbre moteur de recherche, nous reprenons le métro à la recherche du Water Frog BBQ. 
La première d'une longue série
Le restaurant ne paye pas de mine. C’est une grande place abritée du soleil avec des ventilateurs et des pulvérisateurs d’eau. De 17h30 à 21h30 c’est un buffet à volonté, boissons comprises ! Les litres de bières ont coulé, le barbecue de la table a vue passer quelques sortes de viande et de poisson ! Puis je suis rentré à l’hôtel dans un état que certains pourraient qualifier de « second ».

Vendredi 09 Août :

Mon premier jour d’escalade sur l’île ! Mais d’abord il faut que je me réveille et avec la soirée de la veille ce n’est pas forcément une mince affaire… J’ai rendez-vous à une station de métro, là des amis m’attendent avec un vieux 4x4 Suzuki. Nous partons vers le nord-est de l’île. J’avais oublié comme les taïwanais conduisent littéralement « à l’arrache » ! Sur l’autoroute chacun reste sur sa voie et on double uniformément par la droite comme par la gauche. Nous ne sommes pas mort c’est le principal ! La falaise que nous convoitons est au bord de l’océan Pacifique. Il faut marcher environ 15 minutes et c’est pire que de faire un 7a à l’échauffement ! A un moment KuoWei se retourne vers moi et me montre un endroit à l’abri du soleil et me dit que nous allons faire une pause. Je suis à la limite de faire un malaise ! Une demie heure de pause me remette d’aplomb et nous repartons vers un secteur à l’ombre le matin. Je grimpe avec KuoWei, il est aussi fort en Trad qu’en Sport Climbing. Sa vitesse d’exécution est impressionnante et je me retrouve à avoir un peu peur quand il grimpe…
Un 6c dans le secteur de LongLane
 Midi et le soleil arrivent. Nous partons vers le bord de l’eau nager et manger un peu en attendant que le soleil passe derrière la falaise. C’est la première fois que je me baigne dans l’océan Pacifique, malheureusement la température de l’eau doit être proche de 30° C et ne permet pas de refroidir nos corps en ébullition. 
Un peu de détente au bord de l'eau
On me prête des palmes, un masque et un tuba et je plonge un peu vers les rochers. Deux choses auxquelles il faut faire attention sous l’eau : les méduses qui sont bien balaises dans le coin et les poissons globes qui gonflent quand ils se sentent menacés. Une fois gonflé des piques apparaissent et suivant les espèces ils contiennent du venin plus ou moins puissant mais pouvant pour certains vous amener à finir à l’hôpital ! Pour finir la digestion KuoWei me montre un spot de Deep Water Solo. Ils galèrent tous et tombent avant le sommet. Ils me regardent et me disent que c’est à mon tour et que je ne vais pas avoir de problème car je suis bien plus fort… Euh oui pourquoi pas… Le rocher est très glissant au départ puis ultra abrasif. Je suis en plein soleil, je lutte un peu mais arrive au sommet vraiment content. Maintenant il ne me reste plus qu’à sauter tout en évitant de me prendre une méduse ou un poisson globe ! Je passe à vue le saut mais je ne recommencerai pas, je n’ai pas l’impression que l’océan soit mon domaine de prédilection. 
Deep Water Solo dans le Pacifique : Done
 Nous repartons en fin de journée et les grimpeurs me proposent de s’arrêter KeeLung (基隆), une ville réputée pour les produits de la mer. Nous mangeons comme des rois pour dix euros chacun. Huîtres cuites dans de la friture, huîtres crues, petites sèches, homards, etc… 
Miam!!!!

Le meilleur repas depuis que je suis arrivé ! Retour à l’hôtel pour une bonne nuit de sommeil.

Programme pour la suite : Lundi je pars pour un trek et après je grimpe le week-end prochain et peut-être un peu de canyoning… A plus tard pour de nouvelles aventures à vous raconter !