vendredi 22 février 2013

Comment je n'ai jamais testé mon sac Airbag?

Voilà un article dont le titre, je l’espère et touche du bois, ne changera pas. Derrière cette idée que certains qualifieront de saugrenue, se cache une réflexion aboutie sur l’usage des sacs airbags. Ces observations ont été rendues possibles par un an et demi d’utilisation, que ce soit en freeride ou en ski de randonnée.   

Le piège du « nouveau jouet »

Il y a tout juste un an je recevais un cadeau de noël de la part de ma mère, et pas des moindres. A force de journées, de soirées et de nuits remplies d’inquiétude à me savoir par monts et par vaux, l’idée de m’offrir un sac à dos équipé d’un système d’airbag s’imposa à elle comme une évidence. « J’espère que tu n’auras pas à t’en servir » me dit-elle en me tendant le paquet cadeau. En fils docile et discipliné je n’ai toujours pas déclenché l’airbag, même pour rigoler lors d’une soirée un peu trop arrosée ! Je ne le savais pas encore mais le premier piège de l’Airbag venait de se refermer sur moi…

Mon « nouveau jouet » solidement arrimé sur le dos me voilà parti direction les vallons de la Meije. Dans le téléphérique qui nous emmène à 3200m, certains amis ironisent sur mon cadeau en me disant : « c’est un peu comme une carte chance supplémentaire ce sac, ou pas ! ». Nous sortons des bennes et un vent glacial nous accueille en apportant une visibilité ne dépassant pas le bout du bâton. Les premiers virages s’enchaînent difficilement, la visibilité nulle combinée à de grosses accumulations de neige aurait dû faire de cette première descente un moment angoissant. Et pourtant je me sens plutôt serein, pas complètement détendu mais de toute façon si « ça part  je déclencherai l’airbag ! »
Cette période de quasi invincibilité mentale dura le temps de trois ou quatre jours de ski dans les vallons. Puis les premières questions arrivèrent, ouf ! 



Les interrogations


Elles furent multiples mais portaient souvent sur le même point : l’efficacité d’un tel système de protection. Les questions s’entrechoquaient mais avaient toutes le même sens. Est-ce qu’en cas de départ sous mes spatules j’aurai le réflexe de tirer sur la poignée salvatrice ? Cette poignée était-elle vraiment salutaire ? Le sac en lui-même va-t-il me sauver la vie ?
Je décidais de lire la brochure donnée avec le sac. Voilà ce qu’on pouvait et peut toujours lire : « Sur 262 personnes ayant utilisé leur système airbags ABS®, 97 % ont survécu, dont 84 % sans aucune blessure. » Cette lecture ne calma pas ma crise de questionnement aigu. Car la première des questions que l’on peut se poser en lisant cela ressemble à : « ces 97% de rescapés auraient-ils été tués sans le système ABS ? ». Cette interrogation restera à jamais sans réponse…



L’adoption


C’est donc sans aucune réponse que je continuais d’évoluer dans mon terrain de jeu favori et une chose étonnante se produisit. Moi qui avais toujours été « ok » pour l’ABS en freeride j’avais refusé de le porter en randonnée car trop lourd. C’est en partant de La Grave et en rejoignant ma patrie d’adoption savoyarde que je due, sans pouvoir résister, porter mon sac en randonnée. Ma préparation à l’examen probatoire du Guide battait son plein et je devais « bouffer » du ski. Ne trouvant pas tout le temps un partenaire pour m’accompagner dans mes escapades je me résolue à adopter comme fidèle compagnon… un sac !
Sa présence lors de mes randonnées solitaires me rassurer presque plus que celle de mon DVA. Avoir un DVA mais partir seul, « c’est juste bon pour retrouver un cadavre ». Je commençais à penser comme beaucoup de monde, l’ABS est une carte chance supplémentaire ou une balle de moins dans le barillet d’un revolver pour roulette russe. S’il réduit à mon sens le risque d’ensevelissement lors d’une avalanche, il peut augmenter les chances que sur un groupe de skieurs, se soit vous, le porteur du sac, qui se retrouve dans l’avalanche.



Le piège des autres


L’achat d’un tel sac n’est pas donné à tout le monde. Lorsque je pars en rando, surtout avec des étudiants de Chambéry, je suis le seul à en posséder un. Le traquenard peut se décrire ainsi : nous voilà arrivé au sommet d’un couloir à 45/50°, côté 5.2, il a neigé plus d’un mètre les cinq derniers jours et pour couronnée le tout, le couloir ne s’est visiblement pas purgé tout seul ! L’unique phrase qu’un détenteur de sac ABS entend dans ces cas-là est : « t’as un airbag, tu fais le fusible, on surveille !!! ». A quoi il faut répondre : « pas de problèmes, c’est un honneur de me réserver la première trace ». La première trace ça se mérite !

Bref, cela fait un an que j’utilise un sac ABS

Pour Noël de l’année dernière ma mère m’a offert un sac Airbag. Au début je me suis dit cool je suis invincible. Puis j’ai regardé le sac. J’ai commencé à l’utiliser et j’ai commencé à me poser des questions. Les questions sont restées sans réponses. J’ai continué de m’en servir. Mes potes ont vu que j’avais un ABS et se sont servis de moi pour ne pas mourir alors que moi je me servais de mon sac pour éviter aussi de mourir. Au début je ne l’ai pas pris en randonnée puis je l’ai pris car « autant s’en servir ». Un jour en arrivant devant une page blanche avec l’idée d’écrire un test sur mon sac je me suis rendu compte qu’en un an je ne l’avais que porté et jamais déclenché. Bref cela fait un an que j’utilise un sac ABS.

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